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Le fuligule nyroca (Aythya nyroca) Güldenstad en1769 (parfois Güldenstäd en 1770),
Nyroca vient au niveau étymologie de nyrok en russe : canard.
Delacour décrivait une situation différente à celle d’aujourd’hui. A cette époque, le fuligule nichait régulièrement dans l'est de la France, dans le couloir rhodanien, et les oiseaux d'Europe occidentale migraient en Espagne et dans la partie occidentale du Maghreb. Cette différence n’est sans doute pas une erreur mais une preuve de l'évolution de la distribution de cette espèce.
Aujourd’hui encore, l'espèce demeure mal connue au niveau sauvage, surtout au niveau de la distribution et de la densité des populations.
Ce canard est en grande partie migrateur, il se reproduit dans une large bande allant de l'Europe de l'est à l'est de la Chine, avec quelques populations isolées en Chine occidentale ou en Espagne. Ces oiseaux migrent au sud du Sahara pour les populations occidentales, les orientales se rendent sur une bande allant du Moyen-Orient jusqu'au sud de la Chine. Aujourd'hui les populations d'Europe occidentale sont considérées comme des reliquats de l'ancienne distribution ou des visiteurs un peu perdus, des occasionnels, une sorte de marge d'erreur.
Au niveau mondial, il semble que certaines populations déclinent, d'autres sont stables et d'autres encore augmentent. Pas facile donc d'établir un statut global de l'espèce, il est classé Near-threatened sur la liste de l'UICN, mais ce statut de «près d'être menacé » masque le cas de l'Europe où un « en danger » serait mieux adapté.
Sa discrétion ne permet pas non plus d'avoir des données précises de la population globale de l'espèce en France, elle est estimée de 40 000 à 100 000 oiseaux, autrement dire que personne à ce jour ne peut donner une estimation réaliste. Ce qui est sûr, c'est que les populations d'Europe déclinent fortement, il reste sans doute moins de 10 000 nyrocas dans cette zone.
La discrétion de l'espèce une fois de plus nuit à l'évaluation des populations, mais il semblerait que des nyrocas continuent à nicher dans le couloir rhodanien, de manière assez régulière, voir même peut être en augmentation légère ces dernières années.
DESCRIPTION Assez petit, avec un corps relativement court de 38 à 42 centimètres pour un poids de 500-600 grammes et une envergure de 60 à 67 centimètres, le Fuligule nyroca peut-être classé dans les petits canards. Sa silhouette est typique grâce à un haut front et une calotte conique. Reconnaissable en vol à sa nette bande alaire large et blanche allant jusqu’à l’extrémité des ailes et nettement blanche sous-caudales. La couleur nuptiale pour le mâle vire sur le châtain clair mat (pourpré voir acajou), plus foncé sur le dos, plus clair sur les flancs. Dessous de queue et ventre blancs. Etroit collier noir à la base du cou reste observé rarement. Par contre l’œil faisant remarquer un iris blanc confirme de la présence d’un mâle. Onglet noir très marqué sur l’extrémité du bec. La femelle est plus terne, yeux foncés et une vague bague noire à l’extrémité du bec.
Assez discret par sa voix, le nyroca plonge moins que les autres fuligules, il bascule souvent, comme un canard de surface, ou fouille les herbiers et végétaux flottants en ne plongeant que le bec ou la tête. Il court sur l'eau pour décoller, mais moins longtemps que la plupart des autres Aythya. Son vol est rapide mais moins puissant que celui du fuligule morillon.
En règle générale les nyrocas sont des oiseaux peu grégaires au niveau intra-espèce, par contre ils s'associent souvent à d'autres espèces d'oiseaux aquatiques.
Pour assurer leur sécurité, certains nyrocas nichent à proximité de colonies de mouettes, ils bénéficient ainsi des cris d'alerte mais surtout des raids aériens des mouettes pour mettre en fuite la plupart des prédateurs, notamment les rapaces, goélands et autres échassiers.
LE BIOTOPE ET LES DANGERS Le développement de l'industrie et d'un type d'agriculture agressif ont profondément changé les paysages et altéré les biotopes favorables aux fuligules nyrocas notamment à cause des drainages. Ce qui s'est passé en France et chez nos voisins, nous montre les écueils à éviter dans les autres zones géographiques. Il faut déjà avoir conscience que le nyroca est un canard très discret qui s'éloigne des activités humaines.
Si on essaye de comprendre ce qui a conduit à cette situation, notamment en Europe, on s'aperçoit que les raisons sont diverses. Bien sûr, la destruction des zones humides reste l'élément prépondérant, que ce soit à des fins industrielles, agricoles ou d'urbanismes. En effet la destruction des herbiers, de la végétation flottante et des berges, le dérangement des oiseaux par la simple présence d'activité humaine (tourisme ou autres) et l'irrigation, tout ces causes contribuent à raréfier l'espèce.
De même, l'introduction de poissons, comme les carpes amours (qui broutent toutes végétations) ou les silures (prédation des canetons et adultes), a perturbé l'équilibre fragile des systèmes complexes que sont les biotopes.
De manière plus marginale, les filets de pêches, les empoisonnements et autres pollutions, ont apporté leur contribution négative à la situation actuelle. Enfin, il y a le cas particulier du prélèvement cynégétique.
Rappelons ici, que les nyrocas s'associent souvent à d'autres espèces dont des canards. Ainsi on les retrouve avec des morillons, des milouins mais aussi parfois avec des souchets ou autres sarcelles. LA PROTECTION - LA PRESERVATION L'espèce est protégée en France, malheureusement les techniques de chasse favorisent la confusion dans le choix des proies. La chasse, à la tonne, à la hutte, au gabion, privilégie les tirs de nuit (aube ou crépuscule), et dans des conditions de vision difficile, un nyroca sera facilement abattu au sein d'un groupe de morillons.
Il ne s'agit pas d'une destruction volontaire d'espèce protégée, mais plutôt d'une destruction par imprudence, le résultat étant le même: Un nyroca de moins en Europe. Comme partout, il y a aussi une marge minime de chasseurs qui tirent sur les nyrocas parce qu'ils ne les connaissent pas, pour tirer une espèce protégée, parce que c'est le seul oiseau qui était présent ce jour là. Enfin, et c'est rarement le cas en Europe, certains chasseurs les tuent par besoin alimentaire.
Actuellement il y a un projet européen de préservation, qui en est dans les phases d'études sur les milieux et la biologie de l'espèce.
En France, certains biotopes abandonnés par les activités humaines pourraient accueillir des populations de nyroca, dans les Dombes par exemple. Il faut souhaiter aussi que le nyroca ne soit plus considéré comme occasionnel en France, afin de sensibiliser les pouvoirs publics sur le devenir de ce sympathique anatidé, si mal connu et pourtant si représenté dans nos élevages d'agrément.
LA REPRODUCTION – L’ALIMENTATION Les nyrocas sont monogames durant la saison de reproduction, mais le couple est constitué pour une seule année.
Le nid est généralement placé dans la végétation dense des berges, au sol, parfois dans des cavités au bord de l'eau.
La ponte est souvent constituée d'une dizaine d’œufs (de 7 à 14) mais aucune étude à ce jour ne permet de connaître le taux de réussite de ces nichées. L'incubation est en moyenne de 25 à 27 jours et l'élevage est souvent fait seulement par la femelle mais une fois de plus avec cet oiseau, il y a des exceptions à la règle, en effet certains mâles contribuent à l'élevage des jeunes.
Dans le sud, les premières pontes débutent en février, dans le nord les pontes sont souvent en juin. La plupart des données sur le nid, les œufs, la couvaison, les canetons et leur élevage proviennent d'observations en captivité, car l'espèce est, on le rappelle, très discrète.
Le Fuligule nyroca se nourrit en plongeant dans des eaux peu profondes mais aussi en barbotant et en basculant le corps.
Son régime alimentaire est beaucoup plus varié qu'on ne pourrait le penser, il mange beaucoup de végétaux (Potamogeton,Cerato-phyllum, Scirpus, Carex et des micros algues du genre Chlara), ce qui paraît assez logique, mais il mange aussi des insectes, des alevins de poissons (de 2 à 7 cm) et même des grenouilles (tous les stades, du têtard à l'adulte).
EXPERIENCE D’ELEVAGEC'est une espèce très connue en captivité où elle est présente depuis 1870 au moins, à cette date eut lieu la première ponte en France. Delacour en élève sans difficulté, à Clères, de 1920 à 1940.
Au niveau de l'élevage, on peut préciser que cette espèce est un bon choix pour un débutant voulant se lancer dans les canards plongeurs, car peu exigeante tout en ayant un comportement de plongeur.
C’est presque accidentellement que je me vis confier un couple de nyroca reproducteur suite à des déconvenues d'un éleveur que je connaissais bien .....
J'étais l'heureux propriétaire de cet oiseau qui m’était inconnu mais combien intéressant. Il est vrai que sa livrée terne et son statut juridique en font un oiseau qui aujourd'hui disparaît à la fois des élevages et décline dans son milieu naturel.
Les deux sexes sont semblables au niveau des couleurs si ce n'est que le mâle a des couleurs brun/chocolat plus marquées et plus nettes avec un iris d'un bleu azur inégalable chez les anatidés !!!
La femelle est également plus petite et l'iris est marron.
Ces relations interspécifiques sont très bonnes et il anime avec beaucoup de gaieté le plan d'eau avec ses plongées successives.
C'est un canard plongeur par définition. Ses pattes sont positionnées très en arrière du corps de façon à pouvoir plonger aisément, ce qui est caractéristique a tous les plongeurs.
Le nyroca est très résistant et peut vivre très longtemps en captivité si les conditions de détention sont requises. Il lui faut un large bassin assez profond afin de satisfaire ses instincts. Sa nourriture doit être celle habituelle aux canards d'ornement à savoir granulés, auxquels il faudra impérativement ajouter du floating spécial plongeurs ainsi qu'éventuellement quelques crevettes déshydratées.
Concernant la période de reproduction, elle se situe aux alentours du mois d'avril. Il est possible d'élever le nyroca en trio avec succès. C'est le cas d'ailleurs de beaucoup d'anatidés qui sont d'habitude monogames dans la nature.
Le mâle s'occupera de la première femelle et lorsque celle-ci se mettra à couver, il fécondera la 2eme.
La femelle nyroca se contentera de nichoirs que vous aurez mis à disposition (nichoirs au sol ou à chicane) mais elle ira nicher aussi dans la végétation aux abords du plan d'eau. Dans ce cas, c'est la championne du camouflage et je vous souhaite bien du courage pour la trouver !!!.
Les pontes sont en moyenne d'une dizaine d'œufs marron clair. La durée d'incubation est de 28 jours. L’incubation artificielle ne pose aucun problème particulier si la couveuse est bien réglée.
Les taux d'éclosion sont de l'ordre de quasi 100 % pour les essais que j'ai pu réaliser mais je préfère laisser la couvaison aux soins de la cane.
Pour ce qui est de l'élevage des canetons, 2 solutions comme à chaque fois s'offrent à vous, artificielle ou naturelle. Les 2 sont possibles, les jeunes nyrocas sont très faciles à élever car ils s'alimentent rapidement seuls et sont très résistants. En revanche, ils sont très farouches et aux moindres bruits, s'affolent. Il faut impérativement éviter de les déranger et les surveiller de loin si possible afin de ne pas les perturber. La cane s'occupe très bien de sa progéniture également et si vous avez un enclos dépourvu de prédation, avec de la verdure, un point d'eau et de quoi s’abriter, vous pouvez la laisser mener à terme l'élevage de ses jeunes. L'éjointage doit intervenir assez tôt et le baguage se fait avec du diamètre 8 (bague munie d'un numéro d'éleveur et soumis à déclaration de naissance) lorsqu'ils ont environ 15 jours, les petits nyrocas sont aptes à voler vers 6 semaines et sont alors complètement emplumés, à cet âge, il est déjà possible avec un peu d'observation de discerner mâles et femelles par rapport à l'iris qui s'éclaircit chez les mâles mais seul le sexage le confirme.
Espérant que ce petit article donnera envie ou redonnera l'envie à certains d'élever ce petit canard qui mérite sa place dans un élevage d'anatidés, donnons lui la chance de pouvoir continuer à nous émerveiller à l'image de notre bernache d’Hawaï.
REGLEMENTATION ET STATUT. A retenir : autorisation préfectorale préalable de détention dès le premier individu.
En France, dans la liste rouge des oiseaux nicheurs français, le nyroca n'a pas été évalué car considéré comme « espèce nicheuse occasionnelle ».
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