Second volet de la trilogie concacrée à ces OIES EMPEREUR, dont la présentation
figure dans le post "le parc du vieux moulin"...
Le troisième post paraîtra d'ici une semaine...
Chronique d'un été 2012 :
C’est une fois encore la série ininterrompue des déboires et des échecs successifs qui caractérise mon élevage,
plus souvent inscrit dans les annales de « faits divers » de la malchance plutôt qu’au « Panthéon » des éleveurs ;
c’est à la première apparition du couple « empereur » ce matin que je devine l’attitude anormale de la femelle :
Ce mardi 10 juillet 2012, aux soins, alors que le soleil éclaire timidement du bout de ses rayons le parc endormi,
au contour d’une enceinte, une oie Empereur se sauve à ma vue, les pattes à son cou…
L’autre, engourdie accourt dans la même direction, cherchant à fuir toute présence qui leur semble inopportune :
il me faudra quelques instants seulement pour découvrir la joue et l’œil droit tuméfiés dont j’ignore à cet instant la cause.
Alors, bouleversé à l’idée subjective de la perte de cet oiseau adulte, ne trouvant pas d’issue pour lutter
contre l’adversité que je n’ai déjà entrepris, mes pensées vagabondent et j’imagine en me refusant à cette
idée qu’un tel évènement pourrait engendrer le déclic d’un compte à rebours annonciateur d’une expérience
qui n’aurait duré qu’un peu plus de 10 ans et que je devrais abandonner en assistant à la lente disparition
de mes oiseaux…
Plus de renouvellement d’effectif, abandonnés tous ces projets, évaporés ces rêves :
Je me refuse à le croire, refusant de sombrer dans ce défaitisme soudain, bien décidé à réagir !
Une heure plus tard, environ, une visite à distance m’incite à la prudence : stresser doublement un animal
blessé qui ne semble pas avoir besoin de soins d’urgence, mais plutôt de tranquillité, me fait rebrousser
chemin car l’oiseau protégé à distance par son partenaire de veille est couché ; la tête enfouie au creux des
ailes, cherchant manifestement à se protéger d’un adversaire désespérément invisible ; elle reste couchée
et récupère d’une rixe dont elle est sortie meurtrie.
Au terme d’un délai raisonnable de quelques heures, le constat est invariable : l’oiseau couché ne bouge
qu’au signal de son compagnon toujours attentif à ses côtés ; voici donc, dans des circonstances particulières,
la preuve de l’étonnante unité, de la solidarité du couple, s’il m’était encore permis d’en douter.
De longs jours vont s’égrener un à un, laissant percevoir une lente mais sensible amélioration de son état…
Eloignée du groupe, constitué de bernaches nonette et d’un couple d’oies à têtes barrées, elle s’alimente
à nouveau, en broutant l’herbe de la prairie ; ses déplacements sont comptés et son attitude empreinte
d’une fébrilité permanente…
De longues semaines plus tard, en cette fin de mois d’août, j’ai la conviction d’avoir identifié l’auteur
de cette mésaventure : Monsieur « Magellan », car il ne reçoit plus les visites rapprochées du couple
« empereur » qui se querellait à travers les mailles du grillage commun, sans grande animosité apparente…
Mais, cette fois la hardiesse de cette téméraire restera marquée à jamais dans sa propre chair des coups
de becs ravageurs de son voisin, et pour cause ! :
Atteinte de cécité cette femelle « empereur » navigue désormais à l’instinct, guidé par son compagnon
d’infortune qui veille désormais comme son ombre sur sa muse et assurant par ce dévouement la destinée
du couple sur lequel je fonde toujours des lendemains meilleurs, particulièrement à l’annonce d’un nouveau
printemps 2013, imaginaire et peuplé d’oisons ?
Sujet: Femelle Empereur : Chronique d’une oie blessée, l’œil tuméfié… (Lu 5105 fois)
