Bernaches de Magellan : Une ténacité surprenante !
Avoir tout écrit, tout dit de ces bernaches que j’affectionne particulièrement je le pensais réellement ; les évènements générés par ce couple m’amènent a plus de célérité, d’humilité car je n’aurais pas misé un centime sur cette période de reproduction 2013 qui avait échoué par deux fois déjà depuis le printemps et dont la troisième tentative me semblait le dernier « fait d’armes » d’une année marquée d’échecs rédhibitoires ; en effet, deux premières couvées ont été la proie d’oiseaux du ciel friands de ces œufs qu’ils gobent avec grand appétit ; ils jouent aussi la partition plus fâcheuse de régulateurs naturels au grand dam de ces oiseaux captifs et des éleveurs condamnant de cette manière les envies des uns et le plaisir des autres de voir naître ces jeunes boules duvetées à nulle autres pareilles ; deux fois elle aura choisi l’endroit qui paraissait idéal pour se dissimuler ; tantôt sous les carex, une autre fois sous une touffe de joncs pour trouver enfin le couvert idéal sous un autre massif de joncs tous trois à peine éloignés de quelques dizaines de pas seulement.
Mais la persévérance était au bout de l’effort et couronnée par la naissance cet après-midi du mardi 25 juin de trois oisons de Magellan ; c’est ce soir, aux soins que je découvre ébahi le couple réuni couchés l’un près de l’autre.
Les « trésors » sont dissimulés sous le ventre tempéré de la mère, qui ne veut rien laisser paraître, scrutant le ciel d’un vol de mauvaise augure qu’elle redoute plus que ma présence qui, elle, semble rassurer. Il me faudra patienter quelques minutes où l’appareil photos brandi comme une autre menace semble déranger pour découvrir enfin leur nombre ! Divine surprise, ils sont trois, car l’inventaire du nid visité quelques minutes auparavant laissait au nombre de coquilles désertées penser à deux unités !
Le nid n’a pas attendu la visite d’indésirables destructeurs ; l’un des œufs est percé et l’on peut voir le jaune, l’autre à peine entamé et le dernier plus lourd, intact, était viable à coup sûr.
Voici donc au terme de cette journée d’été une « première » ici au « parc du milin coz » pour ce couple plus coutumier de pontes très précoces ; une bernache obnubilée par sa descendance aura marqué cette couvaison d’une très heureuse conclusion ; c’est au terme d’une véritable période « marathon » passée au nid qu’elle aura su déjouer la force des éléments contraires et ainsi se voir couronner du titre non usurpé de « mère persévérante » !
Lever aux aurores ce matin car je ne peux me permettre aucune faute, aucune imprudence vis-à-vis de cette mère si généreuse ni laisser en pâture aux guerriers du ciel ces petites créatures ; ainsi truelles et niveaux ont été abandonnés sur le chantier du voisinage pour quelques instants le temps de préparer à la hâte un coin protégé au sein du parc ; piquets, grillage et filets sans compter tous les accessoires indispensables et voici au bout de deux heures d’efforts le camp retranché prêt accueillir mes hôtes.
Guidés à la main, c’est vers ce périmètre de contention que je dirige avec précautions la petite famille ; les oisons franchiront les premiers la limite suivis de très près par la mère qui donne de la voix. Le mâle, lui s’indigne d’un tel procédé en s’écartant du groupe et sans doute pour montrer son autorité que je lui conteste ainsi ; c’est à pleine main que je le saisis au niveau du cou et sous mon bras qu’il termine le trajet se retrouvant malgré lui prisonnier d’un espace qui va lui paraître bien exigu ; ce qu’il ignore de cette intervention humaine c’est la présence qui plane au-dessus de nos têtes, celle d’un couple de buses avides de chair ; le temps est compté dans cette situation où il se mesure à un simple déplacement à tire d’ailes et c’est la vie qui s’en va entre les griffes acérées d’un rapace pour servir l’appétit dévorant d’autres petits êtres…
Des visites il y en eut déjà ce matin, nonettes d’abord qui ont répandu la nouvelle portée par une brise légère de becs en becs et de feuilles en feuilles sonnant ainsi à leur manière très solennelle l’arrivée de nouveaux compagnons…
Et puis une heure après leur installation, le soigneur est venu lui aussi en se dissimulant, soucieux des réactions de chacun : pas de stress chez nos oisons, ils s’alimentent normalement et se préparent à une journée un peu moins agitée que ne fut le réveil...
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